Jeanne de Flandre et de Hainaut, fille d'un comte de
Flandre, hérite des comtés de Flandre et du Hainaut. A
l'âge d'à peine quinze ans, la comtesse se retrouve seule à la
tête de l'une des plus puissantes principautés d'Europe.
Au coeur des complots, des impostures et des guerres
civiles, elle se révèle un grand personnage d'État.
La date de naissance exacte de Jeanne de Constantinople est contreversée, plusieurs hypothèses (entre 1188 et 1200) ont été avancées mais sans preuve tangible.
On sait que, tout comme sa jeune sœur Marguerite, née en 1202, elle fut baptisée en l'église Saint-Jean de Valenciennes.
Le père de Jeanne est le comte Baudouin VI de Hainaut (1171-1205), devenu Comte de Flandre sous le nom de Baudouin IX qui, de retour de la quatrième croisade, fut élu le 9 mai 1204 Empereur de Constantinople.
Celui-ci, fait prisonnier par les Bulgares lors de la bataille d'Andrinople, est considéré comme mort en 1206.
La mère de Jeanne, Marie de Champagne, épouse de Baudouin IX, est la petite-fille de Marie de France et arrière-petite-fille d'Aliénor d'Aquitaine.
A la mort de Baudouin IX (son épouse étant morte en 1204), les deux sœurs, très jeunes, ont comme tuteur Philippe comte de Namur, le plus jeune frère de Baudouin IX resté en Europe. Il épouse la fille de Philippe Auguste, Marie en 1208.
Les deux sœurs se retrouvent sous la tutelle du roi de France Philippe Auguste qui les cloître au Louvre. Elles y recevront une instruction et une éducation fort convenable en suivant les cours des meilleurs professeurs du moment.
Au Louvre, elles sont fort bien traitées, mais constituent de
véritables otages. Philippe Auguste compte renforcer son emprise
en mariant fin 1211 Jeanne avec l'un de ses fidèles, Ferrand de
Portugal, fils du roi Sanche du Portugal.
La comtesse Jeanne, dès les premières années de son règne personnel (1214-1226) a mené une politique favorable au développement des cités flamandes.
Elle autorise les échevins de Lille à créer trois écluses, à Marquette Lez Lille, à Wambrechies et à Lille, étendant le réseau à la Deûle.
Avec Ferrand de Portugal, elle renforcera le pouvoir des communes. Sous son gouvernement, le pouvoir et la prospérité économique des villes flamandes se seront considérablement accrus.
Jeanne joue également un rôle dans la création des « cours de Béguines », c'est-à-dire un terrain clos, construit de maisons et parfois équipé d'une église ou d'un hôpital, qui deviendront les « béguinages » classiques. La statue de la comtesse Jeanne orne les jardins du béguinage de Courtrai.
Comtesse de Flandre et du Hainaut, Jeanne de Flandre est considérée comme une femme pieuse et volontaire. Elle fonde de nombreux couvents et abbayes mais alors que jusqu'au XII°siècle, les abbayes de Flandre étaient exclusivement masculines, vingt monastères féminins sont fondés en Flandre, en bonnes relations avec les Cisterciens.
Dans l'enceinte de l'abbaye féminine de Marquette Lez Lille, la comtesse créa un hôpital pour les malades pauvres. Jeanne de Flandre est également à l'origine de léproseries et d'hôpitaux à l'image de l’Hospice Comtesse de Lille.
Ferrand, gravement humilié par Louis, fils du roi Philippe
Auguste, qui s'empare d'Aire et de Saint Omer (biens hérités de la
mère de Jeanne), s'allie aux ennemis de Philippe-Auguste, Jean
sans Terre, Othon IV Empereur romain germanique, le Comte de
Boulogne et le Comte Guillaume Ier de Hollande ce qui débouche
sur la bataille de Bouvines le 27 juillet 1214 qui sera remportée
par Philippe Auguste. Ferrand, vaincu, est emmené à Paris pour
une sévère captivité de douze années.
Durant cette difficile période, Jeanne assure au mieux la direction
du comté, faisant face en 1225 à l'agitation de la noblesse et des
cités, et surtout au douloureux épisode du faux Baudouin, un
ermite mythomane, ancien jongleur. Celui-ci profitant habilement
du mystère entourant, la mort de Baudouin IX, réussit à persuader
qu'il était le vrai Baudouin en soulevant une véritable sédition
grâce à la complicité, plus ou moins de bonne foi, de quelques
villes et de nombreux seigneurs. L'imposteur, démasqué, sera
exécuté.
En 1226, sous le règne de Louis VIII, la comtesse Jeanne finit par
obtenir la promesse de libération de Ferrand, moyennant une
rançon de 50000 livres et l'occupation de Lille et Douai mais la
mort de Louis VIII le 8 décembre 1226 retarde la libération au 6
janvier 1227 contre une rançon de 25000 livres et le château de
Douai en gage.
Le couple a quelques années de relative tranquillité, consacrées à
une sage administration. Une petite fille, Marie, naît alors en 1230.
Le comte Ferrand meurt en 1233 de la maladie de la pierre
provoquée par des calculs rénaux, bientôt suivi, en 1235, par la
mort de la petite Marie.
Jeanne se remarie avec Thomas de Savoie en 1237 et celui-ci
l'aide à bien administrer ses comtés, faisant par exemple venir de
sa Savoie natale des vaches contribuant ainsi à la création d'une
souche de vaches noires et blanches.
Le couple n'eut pas d'enfant.
Jeanne de Flandre décède en 1244 à l'abbaye de Marquette, une de
ses fondations, où elle est inhumée. Sa sœur Marguerite
(1202-1279) lui succède alors.